La famille Picasso Negro de Cuba
Vincent Lucas photographe et François Missen journaliste se sont rendus à Cuba pour rencontrer Juan Antonio Pascual Picasso Perez.
Dans la chaleur moite du cimetière de Cienfuegos à Cuba, un vieil homme se recueille devant la fosse commune. Il a les cheveux blancs, le visage noir cuit et recuit par le soleil et l’oeil pétillant. Il a 79 ans et ici, on le surnomme avec humour : « Il Negativo »
Il s’appelle Juan Antonio Pascual Picasso Perez.
Collez la photo du Maître de Vallauris près du visage de Juan Antonio, teignez l’un en noir et l’autre en blanc. Ils peuvent désormais échanger – en modifiant leurs dates de naissance respectives- leurs passeports
Enfin, presque, puisque le père du cubisme est décédé voici trente ans, tandis que l’autre, le Cubain est vivant et bien vivant
Juan Antonio est le descendant, aujourd’hui le plus âgé de la branche cubaine des Picasso. La saga des Picasso Negros de Cuba est restée mystérieusement floue durant plus d’un siècle. Le roman noir des Picasso cache en effet une histoire d’amour, d’adultère, d’aventure, de pauvreté mais aussi de rêve et de liberté. Elle commence en 1868.
Reportage complet sur demande – texte et photos-à travers l’île de Cuba sur la famille des Picasso Noirs.
Depuis que j’ai rencontré Juan Antonio Pascal Picasso à CUBA, une petite ritournelle me fait danser les méninges. Picasso le peintre célèbre dans le monde entier a un double noir à Cuba et personne ne le sait ! Nous sommes en face d’un secret de famille qui cache l’histoired’un voyageur. Un voyageur qui ne revient pas à son port d’attache et qui abandonne sa femme et ses quatre enfants. Double scandale dans une Espagne catholique et conservatrice, Le grand-père de Pablo, est déjà marié lorsqu’il se marie en 1868 à Cuba. Ce départ et l’abandon de sa famille espagnole, sa nouvelle vie avec une femme noire, ancienne esclave affranchie, sont certainement en rapport avec la disparition de cette branche familiale dans la biographie des Picasso. Juan Antonio est le cousin germain de Pablo Picasso, ils ont le même grand-père maternel, ils se ressemblent étonnamment mais lui est noir et ses amis le surnomment « el negativo ».
Aujourd’hui on pourrait penser que le temps a fait son ouvrage et que la prescription a joué… et pourtant ! En février 2006, François Missen, le célèbre reporter qui a découvert cette histoire, téléphone à Paloma Picasso peu de temps avant notre départ pour Cuba. Il lui raconte brièvement notre projet de reportage sur cette branche de la famille mais la conversation tourne court et elle raccroche. Il rappelle et reste sans réponse jusqu’à ce jour.
Nous avons ici l’occasion de dire « réconcilions nous avec le passé. Le temps est venu de faire sortir les vieilles douleurs pour que du neuf puisse survenir ».
Vincent LUCAS