En 1994, au gré d’une rencontre, Emmanuelle et moi nous envolons pour le Vietnam

via la Malaisie. Nous voici itinérants pour trois mois, dont cinq semaines intenses dans un Vietnam dérouté. Le pays vient d’ouvrir ses frontières au tourisme et aux voyageurs étrangers. Cela fait deux ans seulement que des Occidentaux peuvent y circuler librement.

Librement ! pas toujours… Nous partons à vélo de Hochiminh pour rejoindre Hanoï, en empruntant trains et bus collectifs. C’est en sortant des sentiers battus et autorisés que nous sommes confrontés à la réalité du moment. De tonitruants et intouchables hauts parleurs diffusent les flots de paroles et de musiques de la radio d’état. Des hommes autoritaires nous questionnent. Les villageois nous accueillent avec hospitalité, mais la peur règne et l’on nous parle à couvert.

Eprouvant mais passionnant voyage que celui-ci. Chaque jour est ponctué de rencontres inédites et imprévues. L’histoire de ce pays nous est livrée par bribes successives. Nous reconstituons le puzzle au fur et à mesure des témoignages et des récits parfois énoncés dans un français hésitant, d’autre fois dans un anglais parfait. Alors apparaît la grande histoire. Celle de plusieurs générations d’Européens, d’Américains, de Chinois, de Japonais et de Russes qui ont traversé ce petit bout de planète en voulant se l’approprier. Celle d’un peuple qui a souffert et résisté pour gagner sa liberté et qui n’y est pas encore tout à fait parvenu.

Nous avons compris que la nouvelle génération allait balayer tous les conditionnements pour faire peau neuve. Nous l’avons entendu réécrire le passé pour n’en garder que le meilleur.

Nous avons compris alors notre propre histoire…
Vincent LUCAS

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